mercredi 28 avril 2010

Ciel Nordey !

"Les Justes" d'Albert Camus,
mise en scène Stanislas Nordey
Théâtre de la Colline du 19 mars au 23 avril 2010
avec : Emmanuelle Béart, Vincent Dissez, Raoul Fernandez, Damien Gabriac, Frédéric Leidgens, Wajdi Mouawad, Véronique Nordey et Laurent Sauvage.

Dans ma famille de théâtre, parmi les proches de coeur et de raison, personne n'a aimé ce spectacle. Personnellement je ne suis pas très fane du texte que je trouve ressembler à une bonne dissertation d'un normalien, thèse-antithèse-synthèse ouvrant le sujet sur d'autres questions. "Y a-t-il une cause suffisamment juste pour mériter de tuer ?" vous avez trois heures...
Malgré tout je pense qu'elle résonne de manière intéressante de nos jours, même si Nordey a voulu conserver l'aspect début du 20e siècle dans les costumes. En effet nous sommes toujours sujets au terrorisme et j'ai passé la pièce à me demander si ceux qui posent des bombes aujourd'hui se prennent le cerveau autant que les personnages de Camus...

Avant même de voir donc ce travail j'avais quelques a priori. On m'avait dit que le résultat était ennuyeux et très cérébral, une diction pénible, des acteurs figés. Certes, Nordey a un parti pris de direction d'acteur particulier mais ce n'est pas nouveau, et que l'on aime ou pas, je trouve qu'au final cela permet de très bien entendre le texte et le porter comme sujet central.
J'étais au deuxième rang et outre les lèvres en canard de Béart, j'ai pu voir de près les yeux des comédiens, souvent tellement émus que je me suis demandé si ce n'était pas les éclairages qui leur piquaient les yeux. J'aime à penser qu'ils étaient si impliqués, qu'ils étaient au bord des larmes. Si tel est le cas c'est plutôt un bon travail en amont qui le permet.

Par ailleurs, l'espace est si grand et si métallique, que cette froideur qu'on leur reproche ressemble plus pour moi à de la solennité et je trouve que le terrorisme est un sujet suffisamment sérieux pour que cela soit justifié.
La scène de la prison avec Laurent Sauvage est vraiment un grand moment, pour moi un des meilleurs passage de la pièce, mais aussi de cette mise en scène. Enfin un peu d'humour et d'ironie, très bien menée ici, font leur entrée. Nous respirons et pouvons entrer dans la troisième partie avec plus de douceur.

J'ai passé un bon moment, je ne me suis pas ennuyée, j'ai entendu le texte, j'ai vu de bons comédiens, j'ai trouvé Wajdi Mouawad très bien et je me suis demandé si la chasse "au Nordey" n'est pas injustifiée parmi ses détracteurs, et d'avantage due à d'autres paramètres que sa capacité artistique.

dimanche 11 avril 2010

CIELS ! Mouawad !


"Ciels" de Wajdi Mouawad
Théâtre de l'Odéon du 11 mars au 10 avril 2010
Mise en scène Wajdi Mouawad
Scénographie Emmanuel Clolus
avec John Arnold, Georges Bigot, Valérie Blanchon, Olivier Constant, Stanislas Nordey, Gabriel Arcand et Victor Desjardin. La voix de Bertrand Cantat.

La première chose enthousiasmante dans ce dernier volet de la série Littoral, Incendies, Forêt, que présente Ciels, c'est la scénographie. Les spectateurs sont placés au centre du plateau sur des tabourets qui tournent et les "scènes" sont tout autour. Ainsi nous suivons ce qui se passe en nous tournant sur nous mêmes, et en cognant les genoux des voisins, ce qui est parfois drôle. Voici une manière originale d'impliquer le spectateur. Les comédiens nous rejoignent parfois dans cette "forêt de statues" que nous jouons, nous frôlant, nous regardant, nous enrôlant.

Tout ceci s'imbrique parfaitement au rythme effréné de cette pièce, plus proche d'un épisode de 24h Chrono que d'une pièce classique. Ici un complot international à déjouer, tout est au service d'un rythme soutenu, des écrans, des sons, des regards qui courent partout, nous sommes encerclés d'informations et de visages. La encore la scénographie moderne et originale, nous rend actif, et est vraiment au service du texte.

Les comédiens sont excellents, surtout Stanislas Nordey que je découvrais ici et qui de manière surprenante engage tout son corps dans sa parole. C'est étonnant car dans ses propres mises en scènes je trouve que le corps des comédiens n'est souvent pas assez présent.

Le "scénario" a-t-on envie de dire ici, est peu attendu et c'est à la fois une bonne surprise mais aussi une tentation de le trouver un peu naïf. J'ai été un peu déçue par l'emphase et quelques invraisemblances (une mère infanticide en liberté ?, des terroristes poètes...?) qui rendent la pièce un peu maladroite soudainement. Et aussi lassée par les images de guerres en noir et blanc qui nous ont encerclées à un moment, comme s'il fallait nous les rappeler... Semblant nous faire un peu la morale.
On passe un très bon moment malgré tout, plein de suspens et de surprises et cela nous ferait regretter les rumeurs selon lesquelles Wajdi Mouawad voudrait se retirer du théâtre pour se consacrer à la peinture...

samedi 3 avril 2010

Etrange Cargo

Le festival à la Ménagerie de Verre n'a programmé que des trucs bien.
Yves-Noël Genod, Les chiens de Navarre, Bobée et Ricci & Forte entre autres.

J'ai vu la performance "Rien..." d'Yves-Noël et je me suis dit qu'avec Régy, il était sans doute l'un des metteurs en scène qui osait le plus jouer avec la patience des spectateurs.
Mais étrangement les gens ne sortent pas autant qu'avec Régy. Serait-ce un snobisme ambiant chez son public adoré, de fidèles ? Lorsque l'on voit un tel spectacle je pense qu'on ne peut pas "tout" aimer, et l'on en ressort avec des images, des flashs, des moments.

J'ai aimé la superposition de Jeanne Balibar avec Barbara, les dindons qui entrent en fin de tableau et qui sont tellement drôles qu'ils font le show à eux tous seuls, et nous sommes là à regarder des dindons glousser pendant un quart d'heure, quelle ironie. J'ai aimé cette femme qui fume en regardant la porte, en silence, semblant attendre quelqu'un en vain, que d'échos...

les moins pour moi seront de longs silences et déambulations que je ne comprends pas toujours des comédiennes, qui vont qui viennent, les moments hystériques d'imitation de manga japonais que j'ai trouvé un peu faciles, même si tout le monde riait.

Hier et ce soir Ricci & Forte présentent leur "Wunderkammer soap" mais c'est complet en moins de deux, et j'ai vu le "Dedans, Dehors, David" de David Bobée.
Etrange moment, texte abrupte d'un jeune chanteur pour adolescents, qui se parle à lui même. C'est performé par l'excellente Fanny Catel Channet, très androgyne dans ce rôle de jeune garçon. Derrière elle défile des extraits de commentaires sans doute imité d'une quelconque staracademy.
J'ai adoré la performance de cette comédienne, tant physique que vocale, avec l'ajout du micro, nous sommes suspendus à son souffle et à ses déglutitions, rendant l'atmosphère encore plus malsaine. C'est un voyage halluciné, dans les méandres de la tête d'une star trop jeune et trop fabriquée.
J'ai moins aimé le texte que je trouve parfois insuffisant, et j'ai été frustrée que le propos soit finalement assez extériorisé.

C'est ensuite une déambulation dans l'espace de la Ménagerie de Verre avec plusieurs performances et un DJ, qui m'a un peu moins captivée.



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